Né en 1973 en Argentine, vit et travaille à Berlin (Allemagne).

« L’espace en soi et le temps en soi sont condamnés à s’estomper en de simples ombres, et seule une sorte d’union entre les deux saura préserver une réalité indépendante » : c’est ainsi qu’en 1908 Hermann Minkowski débuta son discours lors du 80e Congrès des Chercheurs en Sciences Naturelles et Médecins Allemands. Pour Minkowski, ni l’espace seul (le volume) ni le temps seul (la durée) n’étaient suffisants pour définir le réel et ses objets. Il appelait donc de ses vœux une unité entre les trois dimensions spatiales et la quatrième dimension du temps, en nommant simplement cette union: « le Monde ». Le célèbre diagramme en forme de cônes lumineux qui porte son nom explique d’un point de vue graphique la réalité dans laquelle espace et temps s’effondrent. Hyperweb of the Present (« l’hypertoile du présent ») de Tomás Saraceno est une appropriation artistique de l’hypersurface du présent – un des éléments du diagramme mentionné précédemment. Comme dans le dessin théorique de Minkowski, deux cônes lumineux se dirigent vers un point, désigné comme un événement. Un rayon lumineux illumine un cadre dans lequel une toile d’araignée hybride est suspendue, avec une araignée vivante installée à l’intérieur qui fait vibrer la toile ; ce que l’artiste appelle « une observatrice endémique ». Un deuxième faisceau lumineux projette le fragment d’une autre œuvre de Saraceno, 163 000 années-lumière, qui montre l’image du Grand Nuage de Magellan, une galaxie visible depuis l’hémisphère sud (il faut 163,000 ans à la lumière émise par cette galaxie pour atteindre la surface de la Terre) illuminant la toile d’araignée d’une teinte bleu pâle. Les vibrations de l’araignée vivante, sélectionnée parmi des espèces locales, sont enregistrées grâce à un assortiment de micros et amplifiées pour créer la bande sonore de l’installation. Hyperweb of the Present est un espace qui symbolise un événement de l’ici et maintenant. Minkowski écrivait que le moment présent comme le réel constituent un point dans l’Univers où se rencontrent deux cônes de lumière, celui du passé et celui du futur. La rétine grossissante et imaginaire d’un observa­teur endémique contemple ce point, soit le Monde, pour y découvrir l’univers miniature d’une toile d’araignée. La vibration qui résonne dans la salle où l’installation est présentée est une réminiscence des sons enregistrés par une sonde spatiale près des anneaux de Saturne. Les cônes lumineux du passé et du futur se rencontrent là où l’observateur pose son regard; une hypertoile des enchevêtrements du présent flotte comme une toile d’araignée suspendue…

Générique

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