Exposition Geoffrey Badel, Comment naissent les visages ?

Le titre énigmatique de l’exposition Comment naissent les visages ? est une interrogation apparue par magie durant un moment de cogitation face à la feuille blanche, entre deux dessins. Il désigne cet instant particulier où l’esprit laisse aller et venir toutes sortes de courants d’air – souvenirs, sensations, états d’âme – jusqu’à ce que certains d’entre eux s’arrêtent pour nous induire à les faire exister sur le papier. Cette extraction, dictée par la voix de l’inconscient, s’apparente pour l’artiste à un véritable exorcisme où le corps devient alors récepteur et transmetteur de forces à la fois internes et externes, vécues et à venir. Considérant le corps comme un sismographe, Geoffrey Badel dessine au crayon où la mine devient l’outil permettant de capter et de retranscrire toutes ces forces avec fragilité.

Ses dessins sont des énigmes isolées les unes des autres, réalisées dans des temporalités et sous des humeurs différentes. Tout comme le titre de l’exposition, ses dessins peuplés de signes n’ont pas l’intention d’être résolus. Ils nous amènent vers des égarements, des ouvertures et d’autres interrogations possibles. Ils se faufilent sous le regard de la raison pour tenter de toucher des points sensibles de notre inconscient personnel et collectif. Pour Geoffrey Badel, attendre face à la feuille blanche – ou plutôt la feuille vieillie par le temps – c’est se laisser traverser et être vulnérable. C’est attendre que quelque chose se manifeste, comme les contours d’un visage dans les nuages.